Si vous voulez me connaître un peu, je vous invite à lire ce texte qui vous parle de ma passion pour les hémérocalles...
Je ne sais pas vraiment quand a commencé ma folie… ma famille que je questionne ne sait pas non plus… mes amis, impossible pour eux aussi de mettre une date. Mais vaguement tout en écrivant, je me souviens d’un certain moment de l’été 1998 où ma folie a débuté…
J’ai commencé à jardiner en 1990 quand mon conjoint a terminé le revêtement extérieur de notre maison et s’est dit prêt à m’aider pour ajouter quelques fleurs autour. Innocemment, il ne savait pas ce qui l’attendait. Je ne connaissais rien au jardinage et je n’étais pas du tout intéressée. Que s’est-il passé ce soir-là, je ne sais pas… mais j’ai retrouvé un vieux catalogue WH Perron et cela a changé ma vie. Cet hiver-là, au grand désespoir de la famille, 350 semis de plantes vivaces envahissaient la seule fenêtre de notre salon. On regardait la télévision à travers cette jungle et attention de ne pas les déranger, car elles avaient la priorité. Comme vous le voyez, mon caractère excessif voyait déjà un peu le jour. Je lisais tout ce qui s’écrivait sur le jardinage, toutes les émissions de télévision parlant jardinage étaient enregistrées et réécoutées. C’est en 1996 qu’un de mes amis, sans le savoir, allait bousculer ce « tranquille environnement ». Il était grossiste pour une entreprise d’horticulture et il m’a remis des sacs de plants de phlox, d’hostas et d’hémérocalles que les magasins à grande surface n’avaient pas achetés et qui périssaient dans l’humidité de leurs sacs de plastique. J’ai lavé toutes les racines, très intéressée par le phlox et les hostas. J’accordais peu d’importance aux hémérocalles. Pour moi, elles étaient toutes oranges et servaient à remplir les coins du jardin peu intéressants. Plantées négligemment derrière le garage dans un carré isolé, ces plants d’hémérocalles, je ne le savais pas encore, mais hypocritement se préparaient à devenir mon obsession numéro 1, mon idée fixe, ma hantise, ma passion, mon esclavage. Elles allaient impitoyablement prendre la place de toutes les autres plantes dans le jardin et dans mon cœur.
Là encore, je me perds un peu dans le temps, car je ne peux pas dire précisément quand la folie m’a habitée, car je n’aurais jamais pensé que les racines à moitié pourries que j’avais plantées me donneraient d’aussi belles fleurs. Mais je peux dire que c’est à cette époque que les mots WOW, Super Belles, Divines que je répète sans cesse depuis, se sont ajoutés à mon vocabulaire. Je venais de découvrir que les hémérocalles pouvaient être roses, jaunes, rouges, pêche, grandes, petites, rondes, en étoile; elles étaient infinies. Dès cet instant, je n’avais plus qu’une obsession : ajouter à ma collection d’autres belles « daylilies ».
Voilà que commencent ces longues heures devant les catalogues, devant des livres spécialisés, devant l’écran de l’ordinateur pour faire des choix. Elles sont toutes belles, je les veux toutes! Et c’est là que j’aurais dû faire appel à un spécialiste pour essayer de reprendre le contrôle… Trop tard, j’étais devenu « hémérocolique ». Vivement l’achat de 6/49 dans l’espoir de gagner beaucoup d’argent pour acheter toutes celles qui me font craquer à cette époque et qui souvent sont au-dessus de mes moyens financiers. Discussion entre amies, achats collectifs, lectures et relectures des descriptions, réflexion interminable avant de faire mon choix final d’achat et qui finalement est souvent changé à la dernière minute. Toutes les économies destinées au jardinage y passent. C’est aussi à cette époque que je commence à dissimuler des choses à mon conjoint après 20 ans de mariage, imaginez! C’est à ma grande honte, mais comment lui avouer que j’ai acheté un peu plus que le budget prévu… qui était déjà un peu plus volumineux que prévu? J’agrandis le jardin pour en ajouter, je les parsème parmi les autres vivaces, tout mon petit monde vert se tasse pour leur faire une place. Chaque année, le jardin s’étend malgré mes promesses chaque automne de ne pas ajouter de plate-bande. Mais après un hiver en tête-à-tête avec mes belles « daylilies » devant l’écran de l’ordinateur, mes fameuses promesses sont balayées. Et c’est avec un sourire moqueur en coin que mon conjoint m’aide à faire de nouvelles plates-bandes. Là encore, je ne suis pas au pire de ma folie, car je ne connais pas encore l’hybridation. WOW! Quel choc quand je découvre qu’en plus elles s’hybrident… je peux créer mes propres hémérocalles, leur donner des noms. Cette année-là, j’en oublie mes enfants, car après avoir hybridé tout l’été, l’hiver suivant j’ai des bébés hémérocalles à toutes mes fenêtres. Mes semences se comptent par centaine. Je les aime toutes et pour moi chacune est un espoir d’une fleur de plus en plus belle. Je rêve de voir ma progéniture et quand, après deux ans, le premier bouton se montre le nez, je le visite tous les jours. Et quand enfin j’ai ma première fleur, j’exulte de joie et je la prends en photo sous tous ses angles. Voilà que commencent mes promenades dans le jardin à l’aube guettant le prochain bouton qui me donnera une autre petite merveille. Mon disque dur est surchargé de photos, mais impossible pour moi de me résoudre à en effacer. Elles ont toutes un petit quelque chose de spécial.
Je n’ai pas d’autres sujets de conservation et tous savent que pour me rendre de bonne humeur, ils n’ont qu’à me parler de mes hémérocalles. Ce sont mes antidépresseurs, mes Valium, ma santé mentale et physique été comme hiver. Maintenant, j’ai accepté ma situation de personne un peu fêlée, hors norme et soumise à la dictature de ses « daylilies ». Car malgré toutes mes thérapies, j’ai dû me résoudre… je ne guérirai jamais… ET C’EST TANT MIEUX
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire